mercredi 4 novembre 2015

Sacrés vieux poteaux...


Sacrés vieux poteaux !!!!




Houyet-Ardennes. Année 1989. Train de coils. © Photo Jacques Quoitin.



C'est vrai , il y a longtemps qu'ils ont quitté la scène ferroviaire , ces bons vieux poteaux.
Et pourtant , ils en ont passé des dizaines d'années , alignés le long des voies , avec le 
chant  du vent jouant à travers  leurs  fils.
Télégraphiques jusqu'au milieu des années 40 , téléphoniques ensuite , ils auront véhiculé 
des milliers d'annonces et de messages...
Tout modéliste de l'époque III se doit d'en planter sur son réseau ; l' élaboration par Didier
Delfosse d'une nouvelle feuille d'éléments photo-gravés devrait  rendre la confection de 
ces poteaux plus aisée.



Le (ou les) tronc(s).

Le matériau de base : non pas du  conifère , comme dans la réalité , mais des baguettes
de hêtre que l'on peut se procurer dans les magasins d'art graphique ou de maquettisme.
Les plus fines disponibles dans les commerces que je fréquente affichent un diamètre 
de deux millimètres.
Deux millimètres au 1/160ème correspondent à 32 centimètres à l'échelle 1/1. C'est un 
peu beaucoup , l'idéal devant se situer entre 1,6 et 1,8 millimètres.
La première intervention va donc consister à donner au "tronc" une forme légèrement 
conique tout en diminuant son épaisseur.
Quelle longueur donner à nos poteaux ? Sur mon réseau , j'ai opté pour une longueur 
"hors sol" de 6 à 7 centimètres. S'ils doivent voir une de leurs "jambes" s'appuyer sur le
bord d'un remblai , il faut prévoir de la réserve et tenir aussi compte de la portion enterrée.






Personnellement , je tronçonne les baguettes de hêtre en segments de huit ou neuf centimètres 
de longueur que je présente sur le plateau d'une ponceuse vibrante en leur imprimant un 
mouvement  de rotation jusqu'à l'obtention du profil souhaité.






Le vrai poteau ne présente pas une surface parfaitement régulière. Une mini-perceuse , équipée           d'un disque sur plateau en caoutchouc, sera mise à contribution pour créer ,  longitudinalement  
et  de manière aléatoire , d' étroites bandes  planes évoquant les manipulations opérées sur le 
tronc réel : ébranchage et enlèvement de l'écorce.





Quelques passes de papier de verre à gros grain (ici du 50) effectuées dans le sens de la 
longueur vont donner au tronc les fentes longitudinales typiques du bois de conifère après 
séchage.
Si on va un peu trop loin dans l'effet recherché , pas de problème :  un papier émeri de grain 
fin permettra d' atténuer les dégâts.






Le sommet du poteau réel est taillé sommairement en pointe afin d'éviter que l'eau de pluie 
ne stagne à cet endroit ,  entraînant ainsi un risque de pourriture du bois.
Quelques coups de ciseau à bois X-acto feront l'affaire pour arriver  au même résultat. 
Pour obtenir une coupe bien nette sans  écraser le bois , j'affûte mes lames sur une pierre 
à aiguiser ,  un petit coticule pour être précis ( la meilleure pierre du monde , extraite à 
Vielsalm , en Belgique....). 
Un peu de pub , quoi....






Réunissons maintenant deux mâts  par leur sommet . En s'aidant d'une lime ou du  disque sur 
plateau  de  caoutchouc , on aplanit en biseau  une surface de 3 à 5 mm de longueur sur un 
côté à l'extrémité de  chacun des deux troncs. Cela permettra de les accoler plus intimement 
l'un à l'autre et d'étendre la surface de contact au moment du collage .





En même temps qu'on maintient l'une contre l'autre les deux surfaces biseautées , on perce 
ensemble  les sommets des deux mâts au moyen d' un foret de 0,5 mm.

  




Par le conduit ainsi créé , on fait passer une corde à piano ou un  fil de laiton de 0,4 mm-0,5 mm.
Une goutte de cyanoacrylate pour sceller l'ensemble . Deux coups de pince pour enlever une
partie de l'excès de fil.







C'est ici qu'entre en scène un nouvel outil , à la fois établi de montage et gabarit, constitué 
d'une chute de contreplaqué bakélisé de 12 mm d'épaisseur et d'une dimension de 30 
centimètres sur 12,5. Il repose sur 4 pieds de caoutchouc.
Le choix de ce type de support est justifié par une densité importante qui lui confère une 
bonne stabilité et au fait que la couche de bakélite n'adhère pas facilement à la colle à 
bois dont je vais  faire usage.
Quant aux dimensions de ce plateau , elles sont uniquement dictées par mon désir de monter
plusieurs poteaux simultanément en attendant que la colle à bois sèche.
Pour maintenir en place les éléments de poteaux au cours des opérations d'assemblage et de
collage , je plante dans la plaque des clous de laiton avec tête arrondie en les laissant dépasser
de 2mm . En raison de la dureté relative de la bakélite , des avant-trous peuvent être percés
avant d'y chasser les clous.







Les poteaux situés à gauche et à droite sur cette image sont assemblés et attendent la fin 
du séchage  de la colle à bois.. 
Celui de gauche possède deux traverses , celui de droite trois. Ces traverses sont constituées 
de petits segment de hêtre coupés à la longueur désirée en fonction de l'emplacement qu'on 
veut leur voir prendre. Leurs deux extrémités sont légèrement creusées en forme  de  gorge  
au moyen d'une lime dont le diamètre correspond à celui des troncs , ce qui permettra 
un ajustement parfait avec ces derniers.  
Faire éventuellement quelques essais de mise en place à sec des traverses avant d'en enduire 
les  extrémités de colle à bois et de les mettre définitivement en place.  On les fait remonter 
jusqu'au  niveau voulu entre les pattes du poteau  , les clous de laiton empêchant celles-ci 
de s'écarter.












Après séchage , je fais de nouveau appel à
mon roule-goupille (ou à tout autre outil) et
à un foret de 0,5 ou 0,6 mm.
Il s'agit maintenant  de traverser le mât à       hauteur de l'axe central des traverses et de           creuser un puits de quelques millimètres de         profondeur dans le centre de celles-ci. 
Le but : renforcer l'assemblage par l'ajout
d'un armement constitué d'un fil de métal,
acier ou laiton, ou bronze , enfin , ce que 
vous avez sous la main...
L'extrémité du fil est garnie de colle rapide          et introduite dans les trous de façon à           pénétrer de quelques mm dans les chaque             bout des traverses.
Après les quelques secondes nécessaires à
la prise de la colle , l'excès de fil est coupé
au moyen d'une pince.
Un coup de lime ou de disque abrasif sur
plateau de caoutchouc pour éliminer toute
irrégularité de surface à l'endroit d'implan-
tation des renforts métalliques et je puis
vous assurer qu'après cette intervention
votre poteau tiendra bien sur ses deux
pattes et ne fera pas le grand écart....















Les isolateurs.                                                                                                                                            
Ils viennent d'arriver , tout beaux , parmi les éléments photo-découpés présents sur la nouvelle
plaque élaborée par Didier ( Didier Delfosse ).
Ils se présentent sous la forme de grappes de 4 supports d'isolateurs . C'est une facilité :  un                 poteau  hérissé d'isolateurs nécessitera moins de percements de trous pour leur fixation.
Chaque grappe est munie de 5 pattes ; en jouant sur le nombre de ces dernières , il est  possible           de garnir les poteaux d'un nombre de supports variant entre un et quatre .

                                                                                 

Avant de passer au montage , je procède au brunissage des grappes d'isolateurs par trempage
dans un produit ad hoc.
Cette opération peut aussi s'effectuer par badigeonnage au pinceau des supports d'isolateurs
une fois en place sur leur poteau. 
On peut éventuellement préférer la peinture au brunissage. Dans ce cas , l'application préalable
d'un apprêt est indispensable à la bonne tenue de la couleur définitive.
   



Quel produit  ?
Les "anciens" peuvent se tourner vers leur bon vieux flacon de la marque "Libéron Modélisme"           qui a depuis longtemps arrêté cette production.
On peut aussi employer le brunisseur pour Arcap distribué par ABE  (Atelier Belle Epoque) et 
sans doute pas mal d'autres substances.

Il me faut ici avouer qu'après plusieurs essais de brunissage , je n'ai pas obtenu de résultats
vraiment satisfaisants : zones non traitées , réapparition du métal nu sous la "croûte" foncée...
Je me suis donc tourné vers la bonne vieille recette : apprêt + peinture...
Comme on dit : "il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis..."








Attachons maintenant les isolateurs sur les poteaux. Des trous de 0,5 mm de diamètre et d'une 
profondeur de 1,5 mm sont percés afin de recevoir les pattes de fixation des supports d'isola-
teurs  préalablement enduites de colle rapide. 








Il ne reste plus qu'à peindre les mâts. Les teintes à choisir seront fonction de l'âge de vos poteaux.
Brun avec des traînées noires brillantes pour les sujets fraîchement plantés et dégoulinants de 
carbonyle.
Teintes plus grisâtres et traces de verdure pour les plus âgés...
Certains exemplaires avaient le pied le plus proche de la voie enduit de peinture blanche pour           
plus de visibilité.






Il est un fait que la présence des poteaux peut constituer une gêne lors des opérations de                       nettoyage des voies . Prudence , donc ...
En ce qui concerne ceux qui sont implantés sur une surface rigide au bord  du réseau ,
je recours à l'astuce suivante : je plante sous leur base un segment de fil de laiton écroui 
de  0,5 mm de diamètre collé au fond d' un trou profond de quelques mm. 
Et c'est uniquement cette portion de fil d'environ un centimètre de longueur que je plante 
dans le sol.
En cas d'accrochage , seul le fil plie , le poteau demeurant intact.

Et si , par malchance , on finit par en briser un ,  on le répare si c'est encore possible ; si ce
n'est pas la cas ,  on en construit un nouveau , ce qui prend moins de temps que la lecture 
de cet article....