dimanche 29 octobre 2017

Redonner vie aux torpilles Minitrix....






Cela faisait un bail que je n'avais plus fait rouler mon FO , c'est-à-dire mon convoi
de fonte en fusion.
Il se compose  d'une locomotive diesel  de la série  51 , avec , au crochet, deux
wagons-torpilles Minitrix encadrés de six wagons tombereaux.

Au démarrage ..., enfin.... , il n'y a pas eu de démarrage ... : le convoi est demeuré
obstinément immobile derrière la 51 occupée patiner désespérément ...

L'examen du châssis de la première torpille a révélé une déformation accompagnée
de bris du  support d'essieux d'un des bogies.

La matière dont sont constituées ces pièces est une sorte de zamac dont la fragilité
est extrême , comme je pourrai le constater lors du démontage des pièces demeurées
apparement intactes : elles tombent littéralement en morceaux à la moindre
manipulation....






La seconde torpille , bien que ne présentant aucune lésion visible , ne se laissait
déplacer qu'avec beaucoup d'insistance.
Bref, les torpilles Minitrix , en plus d'être fragiles , roulent (très) mal !

Et je ne suis pas le seul : mon ami Didier rencontre la même mésaventure avec ses propres
exemplaires....

Dans un premier temps , je me suis donc mis à la recherche de pièces de rechange ...
...et c'est ainsi que je suis tombé par hasard sur deux vidéos postées par des amateurs
allemands .
On y évoquait l'amélioration notable des qualités de roulement des torpilles  Minitrix
suite au montage de "Kugellager" , un système de paliers avec roulements à billes !!!

Voici une de ces vidéos:

Torpedopfannenwagen leichtläufig - YouTube



Enthousiasmés à la lecture de  cette vidéo , Didier et moi avons décidé de passer à
l' acte et de modifier nos wagons de la même façon..
Apparemment , il n'existe pas sur le net de tutoriel consacré à cette transformation.
Du moins je n'en ai pas trouvé.
Voici donc ici le résultat de mes essais , cogitations , erreurs , etc.... .



Les supports d'essieux.

La trouvaille est géniale : on équipe le premier et le dernier essieu de chaque bogie
de roulements à bille ; ce seront eux qui supporteront l' entièreté  du poids de la
torpille et qui lui donneront de bien meilleures qualités de roulement.

Cette petite prouesse d'ingénierie  doit apparemment  être mise au crédit d'un certain
Tregger ; c'est du moins le nom (ou surnom) qu'il se donne sur Shapeways.
C'est en effet sur ce site que les nouveaux supports d'essieux sont disponibles ; il
faut rechercher : Treggers MoBa Gedoens by Tregger - Shapeways Shops.







Prudence au moment d'effectuer sa commande : il existe aussi, auprès du même
fournisseur , des supports d'essieux destinés à simplement remplacer les anciens ,
sans offrir la possibilité d'y insérer les fameux roulements à billes.
Il faut donc opter pour les "Torpedo-kugel", pourvus des logements nécessaires.

Ces éléments , obtenus par impression 3D , se vendent sous la forme de kit simple ,
double , triple et même quadruple , avec , bien sûr , un prix dégressif.

Pour faire son choix sur le site de Shapeways , on peut consulter des images qui ne
représentent cependant pas les réalisations définitives.
Ce ne sont que des projections numériques.




Torpedo-kugel x 1.  (18,71 $).


Torpedo-kugel x 2.  (34,95 $).


Torpedo-kugel x 3.  (51,19 $).


Item 4181684 . Torpedo-kugel x 4.  (67,44 $). (47,12 €).



Didier et moi-même avions besoin chacun de deux kits ; nous avons donc fait
un achat groupé et choisi le kit "torpedo-kugel x 4 " dont le prix est plus avantageux.

Dans le budget , ne pas oublier la T.V.A. ( 21 %) et les frais de port (6,34 €).
A titre indicatif , le total s'est chiffré à 64,71 €.

J'ai passé  commande un samedi après-midi et la livraison s'est faite le mercredi
suivant : efficace !
Emballage soigné pour des pièces confectionnées dans une belle matière translucide
et semi-rigide : on parle ici de  FUD (Frozen Ultra Detail)...


Les supports d'essieux de Treggers MoBa Gedoens by Tregger- Shapeways Shop.


Les roulements à billes.

Il faut 16 roulements à billes pour équiper un wagon-torpille.

Les amateurs allemands ont commandé les leurs auprès du vendeur suivant :
GHW-Modellbauversand dont voici l'adresse:

www.modellbauershop.de


            - Objet de la commande : Roulements à billes (rillenkugellager).
            - diamètre intérieur (innendurchmesser) : 1,5 mm.
            - diamètre extérieur (aussendurchmesser) : 4,0 mm.
            - largeur (breite) : 2,0 mm.
            - référence 681XZZ.
            - numéro de commande 681500.
            - prix : 8,90 € pour 10 pièces.


Mais Didier  les a aussi trouvés en Chine...


https://fr.aliexpress.com/item/681XZZ-100-PCS-L-415ZZ-W68-1-5ZZ-1-5MM-4MM-2MM-Miniature-Ball-Bearings/1424176255.html?ws_ab_test=searchweb0_0,searchweb201602_4_10152_10065_10151_10068_5430020_5410020_10304_10307_10137_10060_10302_10155_10154_10333_10334_10056_5370011_10335_10055_10336_10054_10059_10332_100031_10099_5400020_10103_10102_10052_10053_10107_10050_10142_10051_5380020_10326_10084_10083_10080_10082_10081_10177_10110_10111_10112_5390011_10113_10114_10312_10313_10314_10078_10079_10073_5420011-10333,searchweb201603_18,ppcSwitch_2&btsid=557b12bb-cacc-48c6-974b-caa1b3287074&algo_expid=2f446e2d-eb0b-4bb3-b873-d9d7c727b4ef-22&algo_pvid=2f446e2d-eb0b-4bb3-b873-d9d7c727b4ef&transAbTest=ae803_1



... et c'est là que nous les avons commandés . Délai : 2 à 3 semaines.



Les roulements et les supports d'essieux.




Démontage de la torpille.

On démonte d'abord la torpille en ses différents sous-ensembles .
Trois petites vis  à desserrer de chaque côté de la cuve , et c'est fait.

Attention , ces trois vis présentent chacune  une longueur différente ; il s'agit donc de
bien noter à quel endroit il faudra les replacer ! (Ce que j'ai omis de faire , je dois bien
l'avouer....).








Les bogies à 4 essieux.



Je propose de commencer par un des bogies à quatre essieux , histoire de se faire la
main.

En premier lieu , il faut retirer les anciens supports du corps du bogie.
Un tournevis plat convient parfaitement à cette tâche qui sera paradoxalement
facilitée par la fragilité de ces pièces : elles vont en effet se briser comme du verre !!
Sur les huit bogies que comptent mes deux torpilles ,  un unique support à survécu !





Le corps de bogie et son support d'essieux ,  seul et unique survivant.....



Seuls les deux essieux extérieurs vont être munis chacun de deux roulements à billes
et devront donc être démontés.
Au moyen d'un petit extracteur , on retire la roue pourvue d'une bague isolante en
matière plastique.
C'est beaucoup plus facile , car , de l'autre côté , c'est calé à mort !!!!










Je possède ces torpilles depuis de nombreuses années , et je pense les avoir achetées toutes
deux dans un intervalle de temps assez court.
Et pourtant...des différences vont apparaître...








Au cours de la transformation du premier wagon , j'ai constaté que , sur la majorité des
axes d'essieux, le roulement s'enfilait à la main, sans difficulté et sans recours à une presse...
De plus , il coulissait librement sur presque  toute la longueur de l'axe , se bloquant cependant
à l'approche de la roue sans bague isolante.
L'axe a dû subir une légère déformation lorsqu'on l'a fait entrer de force dans la roue non
isolée et son diamètre s'en est vraisemblablement trouvé quelque peu modifié.

Pour remédier à cette situation , j'ai imaginé la solution suivante : serrer l'extrémité libre
de l'axe dans le mandrin d'une Dremel (ou autre) et le faire tourner tout en appliquant une
lime bien à plat durant quelques instants .







Et terminer par un polissage au papier de verre à grain fin (800 - 1200).


Une languette de papier de verre et on fait tourner l'axe...


Vérifier ensuite si le roulement ne se coince plus et , le cas échéant , recommencer cette
opération.

Lors de la transformation de la seconde torpille , ce fut la (désagréable) surprise : impossible d'engager un seul roulement sur les axes d' essieux !!!

Et c'est ici qu'à défaut de presse , je me suis servi d' un petit étau à mors bien parallèles
pour engager le roulement sur l'axe d'essieu.








Et pour le pousser plus loin sur l'axe , je répète l'opération en intercalant entre le mors
de l'étau et le roulement un petit segment de tube fait d'un métal "tendre", ici , de l'aluminium.
Le diamètre extérieur du tube doit bien sûr être approprié : égal ou légèrement inférieur
à 4 mm.
Et le diamètre intérieur , bien sûr , doit excéder 1,5 mm pour que le tube puisse  coulisser
sur l'axe.



Un petit bout de tube pour pousser le roulement sur l'axe.


Mise en place du second roulement.


Me voici donc en possession de deux torpilles différentes : les essieux de la première se
meuvent librement dans leurs roulements , ce qui n'est pas le cas sur la seconde.
Tout cela n'a pas vraiment d'importance : les essieux garnis de roulements sont les essieux
extrêmes de chaque bogie ; le fait qu'ils aient peu de jeu latéral n'est pas bien grave..


Une fois la pose des deux roulements effectuée , on peut remonter la roue sur l'axe en
vérifiant le bon écartement au pieds à coulisse ou au moyen d'un gabarit approprié.



Vérification du bon écartement des roues.


Les supports d'essieux Shapeways possèdent à chacune de leur extrémité une alvéole
de forme cylindrique dont la fonction est d'accueillir une paire de  roulements à billes.
Ce dispositif vient remplacer les berceaux qui maintenaient le premier et le quatrième
essieu.
La nouvelle pièce ne pourra cependant être mise en place sans une modification du
bogie.
En effet , pour libérer l'espace nécessaire aux nouveaux  supports , il faut impérativement
faire  disparaître à chaque extrémité de la caisse des bogies deux petits ergots sur lesquels
prenaient appui et tournaient  les axes du premier et du quatrième essieu..
On peut remarquer en examinant la photo suivante que les ergots extérieurs sont plus longs
que les ergots intérieurs. Ils portent de plus des marques d'usure dues à la rotation des axes
d'essieux.
On peut donc en conclure que , dans le système Minitrix d'origine , c'étaient aussi les essieux
extrêmes qui supportaient le poids du wagon.... mais avec peu d'efficacité !!!




Les quatre ergots à faire disparaître.


Je les entame à la  pince coupante pour plastique (ici , une pince Tamiya) et je termine
au ciseau X-Acto bien affûté ,  ou encore à la fraise..




"La" pince Tamiya.



Les corps de bogies prêts à recevoir les roues et leur support.
































Les pièces Shapeways sont remarquablement bien ajustées et étonnement solides...
Sur la photo ci-dessous , je me sers de la queue d'une petite lime pour pousser une
des pattes du support vers le bas et la faire s'encliqueter dans son logement.










On peut maintenant insérer les roulements dans leur logement ; cela se fait sans effort
particulier.
Malgré cela , le maintien semble suffisant.
Je n'ai pas encore pensé à recourir à un collage qui devrait se faire de la façon la plus
prudente pour éviter de bloquer les roulements.
Je verrai avec le temps si c'est nécessaire.


































Les bogies à cinq essieux .


Même processus.

Il faut bien sûr supprimer les petits ergots aux deux extrémités.






Flèches rouges : les quatre ergots à faire disparaître.
On peut se contenter de réduire ceux de droite au niveau de la pièce allongée située à leur gauche.
Flèche verte : la petite tige sur laquelle s'enfile la boucle du ressort de rappel de l'attelage.
A conserver absolument !!!




Le support pour bogie à cinq essieux se prolonge , côté attelage , par une excroissance
de forme semi-circulaire.
Elle participe au maintien du dispositif d'élongation et est sensée guider les déplacements
latéraux du timon d'attelage.









Il faut absolument réduire la longueur de ce prolongement de quelques fractions de
millimètre , à la lime , ou à la meule.
Sans quoi , une fois le support mis en place , l'attelage se retrouvera complètement
bloqué dans ses mouvements...(je parle d'expérience ...).









Le remontage de l'attelage doit bien sûr se faire avant de "clipser" définitivement le
support dans le corps du bogie et on n'oubliera pas d' accrocher la boucle du ressort
de rappel du timon d'attelage à la petite tige prévue à cet effet. (Voir la "flèche verte"
sur une image précédente).







Voilà !
On peut maintenant ré-assembler notre wagon-torpille et le remettre sur la bonne voie.....
Et maintenant , çà roule sans problème  !!!







Une petite vidéo ?








Un peu d'histoire....
Certains vont vraisemblablement se poser la question de savoir si des convois de
fonte ont effectivement traversé un jour la gare de Lamorteau.
En 1964 , des essais de transfert de fonte en fusion entre usines sidérurgiques et sur
de longues distances ont été tentés.




Extrait de la revue "Le Rail".




Le dimanche 20 décembre 1964,  un transport de  fonte à 1385 °C , au départ des
hauts-fourneaux d'Hagondange (au sud de Thionville) , a  transité par Longuyon,
Montmédy , Ecouviez , Lamorteau , Virton (avec remise en tête) et enfin , Namur ,
avant d'être dirigé sur Chertal. La température de la fonte à l'arrivée était encore de
1290 °C après un trajet de 280 kilomètres.