dimanche 24 mars 2019

Un ancêtre bien caché : le château d'eau de GENDRON-CELLES.




Photo aérienne du château d'eau de Gendron-Celles.
©  Storder Tristan - Photography.



Pierre Storder est membre , tout comme moi , du RMM .
Il  se prépare très activement à la construction d'une réplique à l'échelle "N"
de la gare de Gendron-Celles et de ses installations .
Il a choisi de situer cette maquette dans les années où Gendron-Celles était considéré
comme un des lieux mythiques de la ligne Athus-Meuse.
A l'époque de la vapeur , en effet , c'est  ici que s'effectuaient les échanges de
locomotives  ainsi que leur ravitaillement en eau.


Pierre m'a donc proposé de me joindre à lui ainsi qu'à son fils Tristan pour aller
à la rencontre de l'ancien château d'eau destiné à alimenter les grues hydrauliques
de la station.





Détail du plan SNCB de la gare de Gendron-Celles .
Y figurent l'ancien château d'eau et  la station de pompage qui alimentait celui-ci.




Laissé à l'abandon depuis la fin de la vapeur, il est situé sur le flanc abrupt du
coteau dominant la vallée de la Lesse.
Entièrement caché par la végétation en été , il ne se laisse apercevoir qu'après
la chute des feuilles.
Au niveau du sol , on ne voit que quatre gros conduits parallèles montant à l'assaut
de la colline , et , tout à côté , l'échelle d'accès.





Echelle d'accès au château d'eau. © Photo Jacques Quoitin.




Cette dernière , longue d'une quinzaine de mètres , est fermement ancrée sur
le sommet d'un muret de briques construit à même le rocher.
Le métal dont elle est faite a bien résisté aux outrages du temps.
S'agirait-il de ce fameux fer puddlé , encore fort utilisé à l'époque de la mise
en service de de la gare (1896) ?
Ce matériau , plus souple que l'acier , et résistant à la corrosion de par sa faible
teneur en carbone avait notamment été sélectionné par Gustave Eiffel pour ériger
sa célèbre Tour (1889).
L'avenir démontra que ce choix était le bon....


Rassemblant notre courage , nous nous lançons dans une prudente ascension ,
échelon après échelon , tout en saisissant fermement des mains les montants
de l'échelle ; on ne sait jamais.....

Arrivés au sommet , nous posons le pied sur une sorte de plateforme : voici
enfin notre château d'eau , logé dans une niche creusée à même le rocher...




Le château d'eau de Gendron-Celles. © Photo Jacques Quoitin.




Tout autour , des traces de "squat" : cendres de feux éparpillées , collection de gamelles
de tailles diverses , etc...

Mais revenons bien vite à notre bel édifice , constitué de deux parties :

-Le socle : une colonne tronquée de forme légèrement conique, exécutée en maçonnerie
de briques. Une porte donne accès à un local technique encombré de tuyauteries et de
vannes.
Une chose nous frappe immédiatement : la maçonnerie est dans un état parfait ; on
dirait même qu'elle a été récemment ravalée !!!

-Le réservoir métallique est une cuve Intze , du nom d'Otto Intze , professeur à la
Technische Hochschule d'Aix-La-Chapelle .
Au cours des années 1880 , ce monsieur s'est livré à de nombreuses recherches
qui lui ont permis de déterminer les formes à appliquer à des réservoirs de grande
capacité.

Les tôles  qui forment la cuve ont été corrodées à un tel point qu'on peut voir au
travers : de la véritable dentelle...





De la dentelle.... © Photo Jacques Quoitin.




En montant plus haut sur le coteau , nous avions espéré pouvoir jeter un coup d'œil
dans l'intérieur de la cuve .





Le château d'eau de Gendron. © Photo Jacques Quoitin.




Hélas , des arbres ont chuté depuis les  hauteurs  et  dissimulent le réservoir sous
leurs  branches .

`



Ce qu'on peut voir de l'intérieur de la cuve. © Photo Jacques Quoitin.




On peut seulement identifier l'extrémité supérieure du tuyau d'évacuation de
trop-plein....

Sur la plateforme , devant la porte d'entrée , une bien peu engageante échelle donne
accès au bord supérieur du réservoir afin d'assurer l'examen et la maintenance de
celui-ci.
Vu son état, nous ne prendrons ici aucun risque....





L'échelle d'accès au réservoir .
Sa base , rongée par la rouille , est presque complètement sectionnée.
©  Storder Tristan -Photography.


A droite de celle-ci ,  on peut encore voir la règle métallique (jadis) graduée le
long de laquelle se déplaçait autrefois l'indicateur  de remplissage du réservoir .





Echelle d'accès au réservoir et indicateur de niveau d'eau.
© Photo Jacques Quoitin.


Revenons maintenant aux quatre conduites évoquées plus haut.
Leur rôle supposé (je ne prends pas de bien grands risques....) : faire monter
l'eau depuis la station de pompage établie en bord de Lesse et la faire redescendre
ensuite du réservoir aux grues à eau.

Au niveau de la plateforme , elles s'incurvent pour se diriger en sous-sol vers
la base du château d'eau.
Leur trajet à flanc de coteau s'effectue entre deux murs de briques , le premier
servant de base à l'échelle d'accès .
Tous deux sont garnis d'armatures métalliques sur lesquelles viennent s'articuler ,
à la manière de doubles portes , des tôles servant vraisemblablement de protections
contre le gel.




Gendron-Celles. Les conduites du château d'eau. © Photo Jacques Quoitin.



On termine la moisson de photo cependant que Pierre prend les mesures du château
d'eau avec l'objectif d'en réaliser la maquette.










D'après les souvenirs des anciens du RMM , Gendron-Celles était équipée d'un
pont tournant sis sur une sorte de terre-plain dominant la Lesse , près de l'entrée
du tunnel de Furfooz.





Détail du plan SNCB de la gare de Gendron-Celles.
La flèche indique l'endroit où se trouvait le pont tournant.
En regardant bien , on peut voir sur ce document que les représentations de la plaque tournante
et de sa voie d'accès ont été effacés.




Et s'il était encore possible d'en retrouver des traces ?

Tandis que Tristan fait décoller son drone pour prendre des vue aériennes de
ce qui reste des installations de la gare , nous explorons en vain le bosquet
qui , avec le temps , a  complètement envahi l'ancien site de la plaque tournante.

La nature a repris ses droits ; plus aucune trace de la fosse ou de tout autre
élément.

De plus , j'ai involontairement dérangé une malheureuse perdrix.....