mardi 25 août 2020

Mâts électriques , Mâts d'éclairage.



Bertrix. Années 80. Mâts , lanternes , isolateurs .....© Photo Jacques Quoitin.



A l'époque du vieux chemin de fer , les installations ferroviaires d'une certaine
importance se repéraient de loin , signalées  qu'elles étaient par la présence d' une
véritable forêt de mâts en tous genres : téléphoniques , électriques  ou lumineux.

Durant la nuit ,  les gares , les ateliers et les triages baignaient dans la clarté blafarde
des lampes à arc.


Les mâts pouvaient être faits de simples poteaux de bois , de poutrelles métalliques
ou encore  de profilés soudés.
Les isolateurs  tantôt s'alignaient à deux ou à trois sur de simples supports en fer 
ancrés  directement sur les mâts , tantôt garnissaient de vastes châssis aux formes
variées.
Et surtout , il y avait ces curieuses lampes , tellement typiques , flanquées des deux 
côtés d'un isolateur supportant les fils d'arrivée du courant électrique et couronnées
d'une sorte de cabochon .  

Paul Delvaux , ce peintre passionné de  chemin de fer , avait parfaitement perçu
l'importance visuelle de tous ces éléments verticaux et ne manquait pas de mettre 
en valeur sur ses toiles les silhouettes des poteaux , mâts et  signaux ...

Cela peut aussi se faire en modélisme.....



La gare de Lamorteau , au début des années 80 , conservait encore quelques mâts
d'éclairage mécano-soudés .
Je me suis empressé de noter les mesures d' un d'entre eux avant leur disparition.





Lamorteau. 1990. Mât d'éclairage. © Photo Jacques Quoitin.







Des mâts du même genre , et bien d'autres encore , peuvent aussi se laisser entrevoir
sur de nombreuses photos anciennes et nous donner des idées pour notre choix de
modèles .
Par exemple , l'image suivante , prise  en gare de Virton-Saint Mard , en montre un
bel exemplaire.









La construction d'un mât mécano-soudé.

Avant de commencer , une précision s'impose.....

Mes mâts ne seront pas rigoureusement à l'échelle...
Il me faudrait alors dénicher des profilés en U de 1,25 x 0,5 mm et des lamelles
de 0,625 mm de large , et ainsi de suite....

En faisant appel aux éléments de dimensions approchantes disponibles dans
le commerce , j'obtiendrai des structures légèrement plus grandes , sans doute ,
mais aussi bien plus visibles , sans pour autant que cela choque le regard....

En premier lieu , réunir les matières premières principales :


-Grappes d'isolateurs , châssis avec (ou sans) supports de lampes ; ces éléments
 photo-découpés sont disponibles auprès de Didier Delfosse.

-Des profilés de laiton en forme de U aux dimensions de 1,5 mm x 1,0 mm.
 Disponibles chez Albion Alloys  , référence CC1.
 On peut trouver des profilés du  même genre chez "Micro-Modèles" à Strasbourg ,
 sous la référence Profile-01,5 x 1 / U.

-Du bronze phosphoreux en lamelle d'un millimètre de largeur.
 La référence PB1M d' Albion Alloys m' a séduit en raison de sa très faible
 épaisseur : 0,15 mm.

-Tout ce qui traîne dans votre boîte à brols : restes de plaques photo-gravées ,
 lamelles métalliques de dimensions variées , etc ....

-Et , bien sûr , ce qu'il faut pour souder tout ça....





Quelques éléments Albion Alloy.
A gauche , les lamelles de bronze phosphoreux ; au centre , les "Channels" en laiton.
A droite , des chutes de photo-découpe.



Pour maintenir un espace constant entre les deux profilés pendant le collage , on fait glisser entre eux un troisième
"channel" mis à plat.




Le boulot va consister à réunir par des
éléments de tôles et des entretoises deux profilés en "U" de 75 mm de long se
faisant face par leur côté creux.


Comment faire pour que ceux-ci
restent bien fixes et bien parallèles
pendant le soudage ?


Rien de plus simple : il suffit de les
coller par la tranche , au moyen de 
deux ou trois points de colle rapide ,
sur un petit tasseau de bois.
Il sera très facile de les détacher plus
tard de leur support provisoire, une fois
les premières soudures effectuées et
une fois passé le danger de les voir
désassemblés.


On en colle d'abord un . Une fois
qu'il est bien immobilisé , on passe au
second en veillant à un parallélisme
parfait . Pour cela , j'ai utilisé un 3ème
profilé posé à plat entre eux comme
gabarit d'écartement.
La largeur de l'ensemble sera de 3,5 mm.
























On commence par souder les plaques de liaison  supérieures et inférieures ; ce sont
de simples chutes de feuilles de photo-découpe en maillechort de 0,2 mm d'épaisseur.

Elles maintiendront  définitivement les profilés à la bonne distance pour la mise
en place ultérieure des entretoises d' 1,0 mm.

Pour le mât illustré ici , la plaque supérieure a une longueur de 4,5 mm.
L'inférieure fait 9,0 mm.
Et leur largeur ?
J'ai décidé de ne pas les découper à la dimension exacte ( 3,5 mm) et je leur ai
donné quelques millimètres de largeur supplémentaires .
Cela permet d'appliquer le fer aussi par l'extérieur et de chauffer ainsi les pièces
plus uniformément.

La température du fer sera portée à 350 ° ou plus : les profilés à souder ont une
certaine masse et la diffusion de la chaleur y est très importante.

Restent les opérations de soudage classique : étamage après application de flux ou
autre "graisse à souder" (ici , c'est de la "Purine") et soudure à l'étain.


Après soudage , l'excès de largeur des plaques sera "rogné"  au moyen d'un disque
abrasif sur  plateau de caoutchouc mis en rotation par une perceuse miniature.
Finition à la lime plate fine.








Une fois les tôles de liaison soudées aux extrémités , on passe aux entretoises
intermédiaires , en veillant à leur bon espacement le long des profilés.
Cet espacement peut varier d'un mât à un autre suivant l' exemplaire que l'on désire
reproduire en miniature.
Sur le mât dont il est question ici , l'espacement est de 8,0 mm et est matérialisé
sous la forme de simples lignes gravées à la pointe à tracer sur le côté des profilés
en "U" .






Tout est prêt pour souder la dernière entretoise .
Les profilés en U ont été marqués à la pointe à tracer et ont été étamés , ainsi
que l'extrémité de la languette de bronze phosphoreux.







On soude  l'extrémité de la languette de bronze sur les deux profilés .
On vérifie ensuite qu'elle forme avec ce dernier un bel angle droit et on contrôle la
longueur correcte de l'espacement à la règle ou au pied à coulisse.
Quelques secondes plus tard , le temps que la soudure soit suffisamment refroidie ,
un coup de ciseaux ou de pince coupante permet de séparer l'entretoise du reste
de la languette.
Finition à la lime fine pour débarrasser l'ensemble des débordements éventuels de
soudure et au papier de verre fin (grain de 800 à 1200) pour faire en sorte que les
surfaces présentent un bel aspect poli.




Papier émeri de grain 1200.








Plaque de photo-découpe conçue par Didier Delfosse.
Elle comporte des grappes d'isolateurs et des  châssis avec ou sans supports de lampes.




C'est ici qu'entrent en scène les éléments photo-découpés par les bons soins de Didier.
Ils vont nous permettre de personnaliser nos mâts et , surtout , d'en varier la forme
à l'infini (ou presque...)..
La photo suivante illustre quelques exemplaires destinés à ma gare de Lamorteau.
A côté des mâts mécano-soudés , on en trouve de bien plus simples  basés sur des
poteaux de bois , des poutrelles en forme de "U" ou , encore , des poutrelles en
forme de "H" .





Des mâts pour Lamorteau.




Et , plus loin , quelques "mécano-soudés" construits pour ma gare de Virton-Saint Mard.
Les espacements ne sont pas les mêmes , de même que la taille des plaques de liaison.
Sur certains d'entre eux , de fines entretoises de 0,4 mm viennent s'intercaler entre
celles d'un millimètre.

Toutes ces particularités , j'ai pu les découvrir en examinant soigneusement les images
ferroviaires d'antan , en en explorant tous les coins et arrière-plans à la recherche du
moindre indice.

Les mâts sont maintenant terminés ; comment les planter dans le sol ?
Un tube de laiton d' 1,5 mm de diamètre est découpé en segments d' 1,5 cm de longueur .
Une  des extrémités de ce segment a été grossièrement usinée à la lime pour pouvoir
être introduite dans l'espace formé à la base du mât par les plaques de liaison et les profilés.
Une fois que tout se met bien en place , on soude.

Il suffira ensuite de ménager dans le sol des orifices de Ø 1,5 mm pour y introduire la
base des mâts sans les coller.
Il sera ainsi possible de les retirer facilement à l'occasion des interventions éventuelles
sur le réseau (nettoyage des voies , déraillement , etc...).






Des mâts mécano-soudés pour la gare de Virton.










Après le soudage , un court passage par la cuisine....
Quelques minutes à ébullition dans de l'eau additionnée d'une goutte de détergent
vaisselle .
Cela va débarrasser nos assemblages des éventuels résidus de pâte à souder et autres
saletés , et , en même temps , les dégraisser en vue des opérations de peinture.
Pour ceux à qui l'accès à la cuisine est interdit , un lavage dans l'acétone produira
le même effet , mais avec plus d' émanation nocives.








Une couche de Primer.
La plupart de mes mâts seront de couleur blanche. Je me limiterai donc à l'application
d'un apprêt blanc dont j' atténuerai l'aspect immaculé par un léger weathering .









Pour les bases des mâts , du noir MATT 33 Humbrol additionné d'une très petite quantité
de MATT 62 du même fabricant..
Pour les grappes d'isolateurs , les châssis et les supports de lampes , un mélange de ces
deux références.
Il va sans dire que les peintures d'autres marques conviennent tout autant.




Quelques portions de gaine électrique .




Les isolateurs , maintenant....
Rien de plus simple.
On va se servir de la gaine d'un fil mono-brin très fin.

Le fil est tout d'abord dénudé sur quelques centimètres .










La portion de gaine ainsi obtenue est tronçonnée à l'aide d'un cutter bien tranchant
en segments d'un millimètre de long.








Ces segments  sont ensuite enfilés sur une pointe de façon à élargir leur lumière.
J'utilise ici des "pins" destinés à l'affichage de document ou d' images sur des panneaux
de liège.








Retirés de la pointe , les segments conservent , pendant quelques secondes , leur
lumière agrandie .
Et on profite de ce court instant , avant qu'ils ne se contractent à nouveau , pour les
enfiler sur les tiges destinées à les recevoir.
Une micro-goutte de colle cyano-acrylique liquide sur le sommet des isolateurs va
suffire à les fixer en place définitivement.










Restent les lanternes....







Le grand diamètre  des "chapeaux" de lampes : 4,3 mm

Ne possédant pas de jet de plastique de ce diamètre , je pars d'un jet de Ø 4,5 mm
ou Ø 5,0 mm que je réduis avec mon p'tit tour  à  Ø 4,3 mm.








J' usine ensuite l'extrémité du jet à la lime de façon à lui donner une forme hémisphérique.
Je termine par une finition au papier de verre fin , toujours sur le tour.
Il est tout à fait possible d'obtenir un résultat comparable en serrant le rond de plastique
dans le mandrin d'une perceuse.
La demi-sphère obtenue est séparée du reste du rond à la scie fine .








Il reste maintenant à percer la demi-sphère bien en son centre au foret de Ø 1,0 mm et
d'introduire dans le trou un jet de plastique du même diamètre.
J'avoue avoir eu quelques difficultés à bien centrer mon foret. J'aurais dû effectuer ces
percements tant que la pièce était sur le tour.
J' avoue aussi ne m'en être rendu compte qu'en examinant les images à fort grossissement
destinées à terminer cet article....








Et pour le petit cabochon qui surmonte le tout ,  on approche simplement de l'extrémité
de la petite tige de plastique la pointe de la panne d'un  fer à souder (chaud , bien entendu..).

Et le tour est joué.



Galerie de photos.