mercredi 14 décembre 2016

Signalez-vous (2). Les balises.

Signalez-vous (2). Les balises.


Les balises évoquées dans cet article sont d' un modèle ancien , apparu dans les années
trente ,  constitué d'une plaque de ciment armé adossée à un pied qui lui sert à la fois de
support et d'ancrage dans le sol.

Ces balises sont de deux types :
  -Les balises à traits obliques font partie des indicateurs optique d'approche d'un signal
   avertisseur.
   Elles sont implantées au nombre de 5 le long de la voie et portent un nombre de traits
   allant de 5 à 1 au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'avertisseur.
   Elles sont espacées l'une de l'autre de 50 mètres , la dernière , celle qui ne porte
   qu'un trait , se situant à 50 mètres de l'avertisseur , lui-même distant de son signal d'arrêt
   de 800 mètres.



 Balise à un trait oblique devant son avertisseur. © Photo Jacques Quoitin.


   -Sur le second type de balise , des chevrons se substituent aux traits ; elles sont présentes
    sur les lignes à exploitation simplifiée et annoncent un signal d'arrêt protégeant , par
    exemple , un passage à niveau.
    La première , garnie de 5 chevrons , se situe  à 850 mètres de ce signal . Les autres
    s'échelonnent ensuite à une distance de 200 mètres l'une de l'autre , la dernière ,
    portant un seul chevron , précédant le signal de 50 mètres.
 



Lamorteau . Balise à quatre chevrons.
Le signal d'arrêt qu'elle annonce se situe donc à 650 mètres.
© Photo Jacques Quoitin.


Pour des raisons de facilité , j'ai pris une image unique regroupant les bornes hectométriques et les balises ,
ces dernières occupant la partie inférieure de la photo.


Le kit "balises" élaboré par Didier Delfosse est constitué des éléments suivants :
     -36 plaquettes rectangulaires en maillechort photo-découpé figurant les panneaux
      des balises.
     -Trois segments d'un jet de laiton de section carrée et de 0,8 mm de côté destinés
       à en constituer les pieds après mise à longueur.
     -Une feuille de décalcomanies représentant les traits obliques et les chevrons.


Le montage de ces éléments est des plus simple et pourra constituer  un bon exercice
pour s'initier à la technique de la soudure (ou du soudage ?).







Le matériel nécessaire:
       -Une pince à mors plats. (pour redresser le carré de laiton)
       -Une pince coupante pour métaux tendres.(pour sectionner le même carré).
       -Une pincette à becs fins.
       -Des petites limes.
       -Un disque de papier émeri monté sur plateau en caoutchouc serré dans le mandrin
         d'une mini-perceuse.
       -Un fer à souder.
       -De la soudure.
       -De la pâte à souder.
       -Quelques cure-dents.








Une fois la plaquette isolée de son cadre , on procède à l' élimination du reliquat de tenon
de fixation : je préfère utiliser à cette fin une lime ; la plaquette ne mesurant que 0,2 mm
d'épaisseur , l'utilisation d'un disque tournant à trop grande vitesse pourrait la déformer.


La barre carrée de laiton de 0,8 mm de côte a été obtenue par Didier au départ d'une
barre d'un mm qu'il a faite passer dans une tréfileuse de bijoutier.
Cette manipulation a imprimé à la barre une légère déformation en vrille qu'il s'agira de
redresser soigneusement en s'aidant de la pince à mors plats.
On applique ensuite un coup de lime ou de disque pour débarrasser le métal de la couche
d'oxydation ou de gras qui le recouvre : cela  le rendra plus réceptif  à l'étamage.
Un peu de pâte décapante est apportée à la pointe d'un cure-dents et la soudure amenée
par le fer ( température 300-350 degrés ) va s'étaler uniformément sur la surface de laiton.







On enduit de pâte à décaper  la face du carré de laiton destinée à être soudée au dos de la 
plaquette.




On applique la panne du fer à souder chargée d'un peu de soudure sur le carré de laiton et on la
fait glisser d'un mouvement continu vers l'extrémité de ce dernier. La soudure s'étale uniformément.
C'est tout. L'étamage est terminé.


Pour aider à bien centrer le pied  , Didier a aménagé au dos de la plaque une gorge destinée
à le recevoir.
On ne procédera pas à l'étamage de cette gorge   de crainte de la combler avec de la
soudure. Il suffit de l'enduire d'un peu de pâte à souder .



A l'aide d'un cure-dents , on applique de la pâte à souder au fond de la gorge.






Enfin , on met en place la face étamée du carré  dans la gorge et on applique simplement le fer
porté à température (300-350 degrés) en le faisant glisser lentement le long du métal.
Après avoir retiré  le fer , on maintient encore les pièces ensemble durant quelques secondes
pour donner à la soudure le temps de se refroidir et d'ainsi se solidifier.
On peut maintenant sectionner le carré à la longueur désirée : ici , 22 millimètres mesurés
à partir du sommet de la balise.
Quelques petits coups de lime pour nettoyer le tout...
Voilà , c'est fait.

Avant de passer à la peinture , il s'agit de bien dégraisser le tout . Je me contente de plonger les
balises dans un poêlon contenant de l'eau additionnée d'un peu de détergent pour vaisselle et je
fais bouillir le tout durant quelques minutes. L'agitation consécutive à l'ébullition et la présence
du détergent suffisent. Bien laisser sécher sur un papier absorbant avant d' appliquer la couche
d'apprêt.





Application d'une couche d'apprêt en bombe.


Pour des raisons évidentes de facilité , mon choix s'est porté sur un apprêt de teinte blanche.
Il s'agit malheureusement d'un blanc beaucoup trop froid, tirant sur le blanc bleuté.
Il me faudra donc me résoudre à appliquer une seconde couche de blanc , au pinceau ,
cette fois.
Mon choix s'est porté sur la référence  blanc mat 34  de Humbrol , utilisée très légèrement diluée .





Lamorteau. Face arrière d'une balise.


La face arrière de la balise est de couleur noire , tandis que le support est peint en blanc sauf
dans sa portion inférieure , noire elle aussi.
Ici encore ,  du  Humbrol : le noir mat 33.
Pour réussir à bien séparer les teintes au moment de leur application, il s'agira  d'utiliser un
pinceau très fin.


Enfin , voici l'opération qui va donner tout son sens à notre travail : la pose des décalcomanies.









La décalcomanie une fois appliquée doit être protégée par une couche de vernis mat.
Outre sa fonction de protection , cette couche de vernis rendra invisible le film de support
de la décal.

Il ne faut pas se fier à la photo suivante : la bombe doit être tenue éloignée d' une trentaine
de centimètres de la balise si l'on veut obtenir  un aspect  bien mat.








Et pour terminer , une légère patine . Ici , un dry-brushing avec un mélange des numéros 26
et 83 de Humbrol pour restituer l'aspect de la peinture passée et du béton vieilli.
Je mentionne les  peintures Humbrol parce que c'est ce que j'ai en réserve ; n'importe quelle
autre marque fera évidemment l'affaire.




Lamorteau. Balise à deux chevrons.



La mise en place sur le réseau , maintenant....
A l'échelle "N" , l'intervalle entre les balises à chevrons est de 125 centimètres , et de 31,25
centimètres seulement pour les balises à traits obliques.
Chacun adaptera cet intervalle en fonction du taux de compression en longueur qu'il a
appliqué à son installation miniature....
J'oubliais : le panneau de la balise doit être légèrement orienté vers la voie (70 degrés...) et
la distance entre le bas de ce panneau et le sol sera de 4,7 millimètres (75 cm en réalité ).
Je pinaille ....au sujet d'un accessoire vraiment tout petit , mais qui a malgré tout une présence
certaine....


Se procurer le kit "Balise" ?
S'adresser à Didier Delfosse ,   hardl00k69@gmail.com







Bibliographie : "Histoire de la signalisation ferroviaire en Belgique. Tome II"
                      de Baudouin Dieu , éditions PFT.

vendredi 6 mai 2016

Sur les traces du Chemin de Fer de Wendel.







Il y a quelques semaines , j'ai eu l'honneur et surtout le plaisir de faire à mes amis
du RMM ( Rail Miniature Mosan , Namur , Belgique ) un exposé agrémenté d' une
projection de diapositives.
Le sujet en était le Chemin de Fer de Wendel  ou , du moins , ce qu'il en reste après
les vagues successives de fermetures d'usines dans les vallées industrielles autrefois
si prospères de la  Fensch et de l'Orne , au sud de Thionville.
Ce n'est  qu'à partir de l'an 2000 que je suis parti à  découverte de ce réseau  ferré
et ce que j'ai pu contempler m'a  amèrement fait regretter le fait de ne pas m'y être
rendu plus tôt....

Ce chemin de fer industriel se différenciait de tous les autres par ses caractéristiques.
En premier lieu , sa mission :  relier entre elles et au grand chemin de fer ( Compagnie
des Chemins de fer de l'Est d'abord , SNCF ensuite ) les mines , hauts-fourneaux ,
aciéries et  laminoirs de l'empire de Wendel , réparties sur les deux vallées.
Son étendue , ensuite : à son âge d'or , il comptait 332 kilomètres de voies.
Ses aspects techniques , enfin  : passages à niveau automatiques , aiguillages télé-
commandés , triages avec freins de voie , etc..
Bref , il a tout d'un grand !!!!



L'Empire de Wendel.



L'aventure débute  en 1704 . Jean-Martin de Wendel acquiert les forges d'Hayange.
Ce faisant , il jette les bases de ce qui va , au cours des deux siècles qui vont suivre ,
devenir un empire industriel.

Les mines de fer :- Hayange dans la vallée de la Fensch ,
                          - Moyeuvre et Jœuf dans la vallée de l'Orne.
Les usines :- hauts-fourneaux d'Hayange et de Patural , aciéries et laminoirs                                                                       de St Jacques et de Fenderie dans la Fensch.
                   - hauts-fourneaux , aciéries et laminoirs à Moyeuvre et Jœuf le long
                     de l'Orne.

Deux vallées industrielles , deux rivières parallèles se jetant dans la Moselle.

Les de Wendel caressèrent très vite le rêve de relier leurs usines à la Moselle.
Dès 1840 , un chemin de fer à traction animale et à voie étroite reliait Hayange
à la Moselle .
Un second allait de Moyeuvre à Hagondange sur la Moselle.

En 1854 , la Compagnie de l'Est établit une ligne entre Thionville et Metz.
En 1860 , de Wendel met ses voies à l'écartement normal.
En 1863 , la société de Wendel obtient l'autorisation de faire circuler ses convois
sur la ligne de l'Est derrière ses propres locomotives.
En 1867 , enfin , devant l'augmentation du trafic , de Wendel se voit offrir le
privilège de poser une  voie privée le long de la ligne de l'Est , reliant ainsi en
toute autonomie les deux vallées entre elles et à la Moselle.                                                                           Le chemin de fer de Wendel était né...

1870. L'Histoire (avec un grand "H"). Défaite de la France et occupation
de l'Alsace-Lorraine . La région entama une période d'intense développement
industriel.
En 1877 fut en effet breveté le procédé mis au point par Thomas et Gilchrist . Il
permettait l' affinage au convertisseur des fontes issues de minerais phosphoreux ,
minerais  extraits dans le bassin de Briey.

Les maîtres de Forges allemands affluèrent alors en Lorraine pour y édifier de vastes
usines , pérennisant de cette façon la main-mise germanique sur le territoire conquis.
Et c'est ainsi que l'on vit apparaître les usines d'Hagondange ( Thyssen ) , de
Thionville ( Roechling ) , d'Uckange (Stumm  frères .) , etc....

L'annexion eut aussi des conséquences sur la portion de voies correspondante de la
Compagnie de l'Est qui passa ainsi sous le contrôle de la Direction générale impériale
des Chemins de fer d'Alsace et de Lorraine.(A.L.)
En Allemagne , la circulation des trains se fait à droite . Ce fut donc aussi le cas
des chemins de fer de l'A.L.  et cette situation perdure de nos jours. Sur la ligne
Valencienne-Thionville , par exemple , le changement de sens s'effectue à la hauteur
de Fontoy.

Je ne vais pas m'étendre sur la suite : 1918 , retour de la région à la France , l'entre-
deux guerres , la crise des années trente et la guerre 40-45....

A partir de 1948 , le groupe de Wendel va s'impliquer dans la constitution du groupe
Sollac (Société Lorraine de Laminage Continu ).
A la suite du plan Monnet de 1946 envisageant une explosion de la demande d'acier ,
plusieurs sociétés sidérurgiques, principalement lorraines, vont s'associer pour édifier
un vaste complexe de laminage destiné à la production de tôles minces .
Capacité prévue : 1 million de tonnes par an.
Les participants : de Wendel , Rombas , Hagondange , Longwy , Homécourt et
même Dillingen en Sarre.
Le groupe fonctionnera en coopérative et l'usine principale , cœur de Sollac , sera
érigée à Sérémange. D'autres suivront : Florange et Ebange.







Conséquence de ce regroupement ,  la plus grosse part du trafic inter-usines va
circuler sur le réseau de Wendel qui recevra dés lors de nombreuses améliorations
en vue d'élargir sa capacité.

Dans les décennies qui vont suivre , on assistera aux fusions successives qui , de
Sacilor (Société des Aciéries de Lorraine , 1964) à Sidélor , en passant par
Wendel-Sidélor (1968), Usinor , Arcelor et pour finir, ( le terme est peut-être mal
choisi ...) Arcelor-Mittal.


Le matériel moteur.


Il est bien entendu impossible d'évoquer un réseau de chemin de fer sans dire
un mot du matériel moteur utilisé.
Jusque 1958 la traction vapeur règne en maître . 62 locomotives sont encore à
l' effectif au cours de cette année.
Les locotracteurs diesel feront leur entrée sur  scène à partir de la fin de 1957.
Les Sersid et les CEM Fauvet-Girel constitueront les deux séries les plus
emblématiques  de ce moyen de traction sur le réseau de Wendel.


Les Sersid.
Ebange . Locotracteur Sersid  361. © Photo Jacques Quoitin.






































Les premiers locotracteurs Sersid  , dont le nom dérive d'une commission de la
chambre syndicale de la sidérurgie française , inaugurent l'ère de la diésélisation.
La décision de les construire a été prise en 1954. La première mise en service
se fera en 1957.
D'un poids de 60 tonnes et d'une puissance de 600 chevaux , ils peuvent évoluer
à la vitesse de 40 km/h. Celle-ci se verra ramenée plus tard à 30 km/h.
Fabriqués par SACM (Société Alsacienne de Construction Mécanique ) , ils sont
animés par un moteur MGO (MAREP-Grosshans-et-Ollier ) couplé à une transmission
Voith .
42 exemplaires seront construits et porteront un numéro compris entre 303 et 344.
La majorité de ces locotracteurs se verront équipés d'une cabine surbaissée.



Les CEM Fauvet-Girel.



Usine de Florange . Ateliers d'entretien. Locotracteur 1426 . © Photo Jacques Quoitin.


Le passage au diesel se poursuivra en 1961 avec la livraison d'une première tranche
de 18 exemplaires de locomotives CEM Fauvet-Girel. (Cem : Compagnie électro-
mécanique ).
Ces premiers locotracteurs sont à régulation rhéostatique.
Leur numérotation va de 401 à 418.
De 1964 à 1966 viendront les rejoindre 12 exemplaires d'une seconde série,  à
régulation électronique cette fois , portant les numéros de 421 à 432.
Leurs caractéristiques : 80 tonnes et 600 cv. Vitesse de 35 km/h.
Moteur Poyaud et transmission électrique avec Génératrice principale Brown-
Boveri.
Après réception d'un équipement de radio-commande , ils seront renumérotés
dans la série 1400.
Certains seront reconstruits en  bicabines sur le modèle des SFL 1001-1003
avec moteur Caterpillar type 3412 de 600 cv. Cette opération sera menée à
partir de 1992 par l'Atelier Matériel Roulant de Sollac-Florange.






Les SFL Arbel Fauvet Rail.

















Numérotés de 1001 à 1003 , ils furent construits par la Société Française de
Locotracteurs et Arbel Fauvet Rail .


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Avant de partir à la découverte du réseau , un peu de bibliographie...
En 2002 ,  les éditions Serpenoise ont fait sortir de presse le livre suivant , né
des recherches de Michel Lavertu et Patrick Etiévant.
Cet ouvrage , qu'on pourrait considérer comme définitif , aborde de nombreux
aspects historiques et techniques concernant le chemin de fer de Wendel proprement
dit , mais aussi des thèmes tels que les réseaux miniers à voie normale d'Hayange
et de Jœuf  ainsi que le port d' Illange sur la  Moselle.
                     




Il va sans dire que j'ai tiré une partie de ma documentation de ce livre par ailleurs
abondamment illustré.

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A la découverte du réseau de Wendel.

Le faisceau d' Ebange.


Ebange . 17-09-2002. © Photo Jacques Quoitin.






















La gare d'Ebange constitue le cœur véritable du réseau de Wendel-Sollac.
Constituée de deux importants faisceaux de voies disposés en enfilade suivant
une orientation  nord - sud   , elle sert de lieu de réception et d'expédition , de
triage (avec freins de voies et et "tir au but" ) et de point de raccordement avec
la SNCF.




Ebange . 2009. 1423 à la butte de triage. © Photo Jacques Quoitin.


Ebange . 2009. 1423 et 1424 au triage . © Photo Jacques Quoitin.


Ebange . 30-08-2006.
Triage à la butte.
© Photo Jacques Quoitin.








Ebange . Loco 1409 à la butte. © Photo Jacques Quoitin.



Le matériel à trier est en grande partie constitué de wagons transporteurs de coils , les
usines d' Ebange et de Florange abritant des chaînes de laminage pour tôles fines.





Usines de Florange , faisceaux d' Ebange et port d' Illange. Carte IGN. France.




Le port d'Illange.


Depuis des dizaines d' années , l' impossibilité de faire de la Moselle une véritable
voie navigable reliée au Rhin , entravait le développement de la sidérurgie lorraine.
Les Allemands , en effet , s'y opposaient avec ténacité :  une grosse part du trafic
lourd à destination et au départ des usines lorraines se faisait sur les voies des
chemins de fer germaniques et générait de très gros revenus pour ces derniers.
En 1932 , l'inauguration du CAMIFEMO , Canal des Mines de Fer de Lorraine ,
ouvrait la navigation mosellane aux péniches de 280 tonnes.
En 1952 , la ratification du traité de la CECA (Communauté Européenne du
Charbon et de l'Acier ) entraîna la décision de faire réaliser les travaux nécessaires
à la mise du canal au gabarit rhénan de 1500 tonnes.
Ce n'est qu'en 1964 que la canalisation de la Moselle fut portée à son terme.
Le port de Wendel d'Illange allait voir le jour .
Arrivages de ferrailles , de charbon , expédition de produits finis ,  de laitier granulé ,
de tôles fines ,  etc...
Actuellement , le port d'Illange est le premier port fluvial de France pour ce qui
concerne les produits métallurgiques.




Florange . Rue du port . 04 septembre 2003.
Un convoi Sollac se dirige vers le port d'Illange.
© Photo Jacques Quoitin.



La liaison du réseau avec le port se fait par une voie qui , partant de l'usine de Florange ,
enjambe la ligne Metz-Thionville en suivant la rue du Port . Un second pont lui permet
de franchir ensuite la route de Metz ( D 953 ) avant de redescendre au niveau du faisceau
de voies du port.





Port d'Illange . 04 septembre 2003 .
Chargement de wagons Sollac.
© Photo Jacques Quoitin.




Port d' Illange . Octobre 2006.
Rame de charbon prête au départ pour les hauts-fourneaux d'Hayange.
 © Photo Jacques Quoitin.





Uckange . H.F. U4. Photo Jacques Quoitin.
Uckange.
















L' usine d'Uckange n' a jamais été partie prenante du système "de Wendel-Sollac".
Je crois cependant qu'il est nécessaire de l'évoquer quelque peu dans cet article
étant donné la place qu'elle occupait autrefois dans le paysage industriel lorrain
et le rôle  de témoin du passé qu'elle joue aujourd'hui...
Edifiée à partir de 1890 , durant la période d'occupation allemande , par les  frères
Stumm ,  elle s'était spécialisée dans la production de fonte de moulage dont elle
devint le principal producteur en France.
Elle compta jusque six hauts-fourneaux.
Le dernier de ceux-ci , numéroté U4 , fut l'objet d' améliorations techniques conséquentes :
injection de charbon broyé aux tuyères  ( le prix de ce combustible étant inférieur de 30
pour cents à celui du  coke ) et équipement de certaines tuyères de torches à plasma.
Malgré cela , il  fut définitivement éteint en 1991.

Classé en tant que monument historique , il est actuellement au centre d'un parc
paysager : "Le Jardin des Traces".





Uckange . 04 septembre 2003.
La BB 66418 est en tête d'un convoi de chaux.
© Photo Jacques Quoitin.





Uckange . 10 novembre 2000. 
Un train Sollac pour Gandrange-Amnéville passe à hauteur de la "Petite Italie".
 © Photo Jacques Quoitin.




Uckange . 04 septembre 2003. Convoi Sollac pour Rombas.
© Photo Jacques Quoitin.





Uckange . Juillet 2001.
Convoi Sollac au crochet de la SFL Arbel Fauvet Rail 1001.
© Photo Jacques Quoitin.




Richemont , ses courbes et sa centrale sidérurgique.




Richemont . 30 août 2006. Loco Mak 1000BB et train Arcelor-Mittal. © Photo Jacques Quoitin.



Sur l'image ci-dessus , on peut voir un convoi d'Arcelor-Mittal à la sortie de la première
courbe de Richemont.




Richemont . Centrale sidérurgique. © Photo Jacques Quoitin. 



Située à proximité le l'autoroute A31 , la  centrale de Richemont impressionnait , par
ses dimensions , le vacancier en partance pour le sud .
Elle fut construite en 1954 dans le but de réaliser des économies  dans le secteur très
énergivore de la sidérurgie.
Le gaz de haut-fourneau est un gaz pauvre , mais il est produit en quantités colossales.
Les usines  le consomment en partie sur place  pour le pré-chauffage des Cowpers et
l'alimentation des moteurs à gaz destinés à produire les uns , de l'électricité , les autres ,
du vent pour les hauts-fourneaux.
Le surplus est évacué au gueulard ou brûlé à la torchère ,  ce qui constitue une perte non
négligeable de ce combustible si utile.
Durant les années 50 , une trentaine de H.F. étaient en activité dans la région.
L'idée fut donc de les relier entre eux et à la centrale par un ensemble de conduites aériennes
dont le diamètre allait de 1,8 m à 2,6 m. Le développement de ce réseau finit par atteindre
70 km , ce qui n'allait pas manquer d'avoir des répercutions sur l' "esthétique" du paysage
local...
En fin de compte , 11 batteries de hauts-fourneaux prirent part à l'aventure.






Ebange . 2008. Vestiges....© Photo Jacques Quoitin.




La centrale fut installée en bord de Moselle . Le refroidissement des installations
engendrait en effet de grands besoins d'eau.
A son âge d'or , la centrale disposait de 3 groupes de 55 MW et de 2 groupes de 125 MW.
En cas de pénurie de gaz , la continuité de la production électrique était assurée par
l'injection dans les chaudières de charbon pulvérisé , d' abord ,  de fuel lourd , ensuite.
Les crises de la sidérurgie lorraine et la disparition progressive des H.F eurent pour effet
de rendre petit à petit l' usine obsolète.
Seule une unité de 125 MW tournait encore en 1995.
La centrale sidérurgique de Richemont  fut fermée en 2010 et ses trois cheminées
dynamitées fin 2012.



Gandrange-Amnéville , "usine des espoirs déçus"...


Le chemin de fer de Wendel va maintenant quitter la vallée de la Moselle.
S'orientant plein ouest , il se faufile entre le cours de l'Orne et le complexe colossal
de Gandrange.



Gandrange . 13 septembre 2007.
Loco Mak Arcelor-Mittal tractant un train de minerai
pour l'usine d'agglomération de Rombas.
© Photo Jacques Quoitin.



L' usine de Gandrange a vu le jour en 1969 à la suite de  la fusion de Wendel-Sidélor.
Cette aciérie électrique couplée à des laminoirs  pour produits longs  venait ainsi
épauler  la gamme des produits plats de l'usine de Florange.
Lakshmi Mittal s'en empara en 1999 à l'occasion de son o.p.a. hostile sur Arcelor.
Quelques années plus tard , cependant , devant l'explosion des prix mondiaux de la ferraille
rendant  illusoire la rentabilité de l'acier élaboré au four électrique , et en dépit des engagements
de  Nicolas Sarkozy , Mittal  fermera l'usine . C'était en mars 2009.
Seul un laminoir pour fil machine et barres est encore actif actuellement.




Gandrange-Amnéville . 13 septembre 2007 . Manœuvre d'une torpille . © Photo Jacques Quoitin.




Rombas . 04 septembre 2003. Déraillement....
© Photo Jacques Quoitin.




Rombas. La mort d'un géant...

L'usine de Rombas , je ne l'avais vue qu'en photo , et quelle photo !!! : celle prise
par le célèbre couple de photographes Bernd et Hilla Becher et reprise dans leurs
magnifiques ouvrages , "Hauts-fourneaux" et "Industrielandschaften" aux éditions
Schirmer/Mosel.




Usine de Rombas .
© Photo Bernd & Hilla Becher.



L' image prenait place dans un chapitre du livre intitulé , avec assez bien d' à-propos ,
"divisions de Hauts-Fourneaux"...
L'usine fut créée , comme pas mal de celles de la région , à l'initiative d'un
allemand , Carl Spaeter , sous le nom de "Rombacher Hüttenwerk im Rombach".

Lorsque je l'ai contemplée "pour de vrai" , le dernier des 8 hauts-fourneaux de la "division"
était en cours de démantèlement.




Rombas . 05 juillet 2001. © Photo Jacques Quoitin.



Le dernier site encore en activité sur place était celui de l'usine d'agglomération de
Rombas , qui fut la plus puissante installation de ce genre dans le monde , avec trois
lignes de production.

Elle ne fonctionnait cependant plus que pour les 3 derniers hauts-fourneaux d'Hayange ,
les P3 , P4 et P6. (Patural 3,4 et 6).

Une petite consolation : l'amateur de chemins de fer industriels peut se rabattre sur la
cimenterie voisine et les manœuvres de son locotracteur....





Rombas .  04 septembre 2003 . Cimenterie . © Photo Jacques Quoitin.





Moyeuvre .  Juillet 2001.
Anciens accumulateurs de la mine "Orne".
© Photo Jacques Quoitin.
Moyeuvre.


























A partir de ce point de notre promenade , les restes du chemin de fer de Wendel se 
perdent dans la nature...
Plus aucune trace des hauts-fourneaux et aciéries de Moyeuvre...
De la passerelle surplombant la gare SNCF , on peut encore apercevoir les
accumulateurs de la mine "Orne".
En tournant le regard , un petit groupe de véhicules à l'abandon :  locomotives et berlines , 
souvenirs de l'extraction  minière...




Moyeuvre . Locos Alsthom et berlines. 2001. © Photo Jacques Quoitin.






Jœuf . 05 juillet 2001. Locotracteur Moyse devant la tuberie. © Photo Jacques Quoitin.




Joeuf.





























Ici aussi , disparus les hauts-fourneaux dont les plus modernes , le J1 et le J2 , comptaient
au nombre des unités les plus puissantes de France . Mis en service entre 1961 et 1964 , ils
furent  définitivement mis à l'arrêt en 1989...

Ah ! Voici une usine encore en activité : la tuberie de Joeuf , filiale du groupe Europipe ,
spécialisée dans la production de tubes spirales soudés.
Ces photos appartiennent hélas au passé : fermée en 2003 , l'usine fut démantelée en 2011...





Jœuf . 05 juillet 2001. Tuberie .Loco Fauvet-Girel. © Photo Jacques Quoitin>.




Florange.


Retour vers le nord , à Ebange , notre lieu de départ.
La vallée de la Fensch attend notre visite.

Les usines de Florange et d'Ebange  tournent autour de chaînes de  laminage à froid et
d'électrolyse ; les produits en sont principalement destinés à l'industrie automobile.





Usine d' Ebange. 2009. Transport de coils. © Photo Jacques Quoitin.



Tout au long du "de Wendel" , on est frappé par le bon état d'entretien de la voie et des
infrastructures.
La maison doit visiblement disposer d'un train désherbeur :  il suffit de constater l'aspect
roussâtre de la végétation longeant les voies....




Usine d'Ebange . Loco 1409 . Coils . © Photo Jacques Quoitin.




Ebange . 2008. Ateliers d'entretien . © Photo Jacques Quoitin.



Inclus dans les emprises de l'usine d'Ebange , les ateliers d'entretien du matériel roulant
prennent en charge la maintenance du parc de machines.





Usine d'Ebange .



Les voies ferrées sont omniprésentes et  desservent entre autres la cimenterie d'Ebange.


Le chemin de fer de Wendel quitte l'usine  d' Ebange en direction de Sérémange et de Hayange
en franchissant la route de Verdun par un passage à niveau dont la sonnerie se fait fréquemment
entendre. Le jour de ma visite , il y avait pas mal de trafic.




Ebange . 2008. © Photo Jacques Quoitin.


Les opérations se déroulent sous la surveillance d'une cabine aux allures de tour de contrôle...



Florange . 2008. Loco 1417. © Photo Jacques Quoitin.



Sur quelques kilomètres , la ligne remonte la vallée de la Fensch  parallèlement à la conduite
de gaz de haut-fourneau en provenance du site de Patural.



Florange . Loco Arcelor-Mittal  1402.
© Photo Jacques Quoitin.





Florange . 13 septembre 2007 .
Locomotive 1000BB d'Arcelor en route pour Patural.
© Photo Jacques Quoitin.





Florange . 2008. Train de coils en provenance de Sérémange.
Au fond à gauche , le gazomètre de la cokerie de Sérémange.
© Photo Jacques Quoitin.




© Photo Jacques Quoitin.




Double voie , aiguillages électriques , passages à niveau automatiques , contact radio ....
Voilà du beau chemin de fer...




Hayange . Hauts-Fourneaux de Patural.

















De retour de voyage , j'avais déjà eu l'occasion , depuis la route (A30) qui mène vers 
Longwy, d'apercevoir au fond de la vallée les superstructures et les fumées des hauts-fourneaux
de  Patural.
Lors de ma première visite sur place , en 2000 , j'ai immédiatement pris la direction de 
la côte des vignes , une colline qui surplombe la ville de Hayange.
Aux pieds de  Notre-Dame de Hayange , grande statue de la Vierge élevée en 1903 ,
on trouve un belvédère offrant une vue imprenable sur la vallée , la ville et ses usines.

Spectacle grandiose garanti...
A ce moment , deux hauts-fourneaux étaient encore à feu...




Hayange . 10 novembre 2000 .
Hauts-fourneaux de Patural . De gauche à droite , le P6 , le P4 et le P3.
© Photo Jacques Quoitin.




Et la représentation ne s'arrêtait pas là.
Aux pieds des fourneaux , on pouvait  contempler le balai incessant des locomotives industrielles
enlevant  ici , un wagon-torpille , là , une rame de charbon en provenance du port d'Illange et
destinée à être hissée sur le plateau de Patural .

Quelle ambiance !!!!




Hayange . 10 novembre 2000.
Hauts-fourneaux de Patural .
© Photo Jacques Quoitin.





Hayange . 10 novembre 2000 . Locos Sollac .© Ph



Hayange . 10 novembre 2000 .
Hauts-fourneaux de Patural . Convoi de charbon .
© Photo Jacques Quoitin.








































Hayange . 10 novembre 2000 . Wagons-freins. © Photo Jacques Quoitin.



Les petits véhicules ressemblant un peu à une locomotive "boîte à sel " que l'on peut apercevoir
sur la photo sont d' anciens wagons-freins. Ils étaient surnommés "taxis".
On les incorporait dans les rames de poches à laitier lors de leur montée au crassier.




Hayange ; 21 juin 2005.
Locotracteurs divers .
© Photo Jacques Quoitin.




Hayange . 21 juin 2005.
Locotracteurs Moyse  VFLI.
© Photo Jacques Quoitin.


Un peu de variété dans le matériel roulant : les locotracteurs Moyse de VFLI (Voies ferrées
locales et industrielles ) viennent d'arriver.




Hayange . 2008. Rame de charbon montant à Patural . © Photo Jacques Quoitin.








































Après l'extinction du H.F. U4 d' Uckange , l'installation de broyage et d'injection de charbon
aux tuyères fut démontée et remise en service à la division de Patural.
Pour accéder au plateau sur lequel sont érigés les hauts-fourneaux , les convois de charbon
doivent effectuer un rebroussement sur la ligne en fond de vallée et se hisser ensuite péniblement
sur une voie en forte déclivité et au rayon de courbure réduit.
Sur la gauche  , un viaduc en courbe supporte un tiroir de manœuvre . Autrefois , ce viaduc
qui présente la forme d'un "s" supportait une voie de liaison avec l'autre division de hauts-fourneaux
de Hayange , celle de Fourneau , disparue depuis la fin des années 70.




Hayange . 2008. Loco SFL 1003 en pousse d'un convoi de charbon.
© Photo Jacques Quoitin.









































Les hauts-fourneaux de Patural , reconstruits entre 1973 et 1978 étaient des unités modernes et performantes , associées à une cokerie et une aciérie récentes  , et conduites par du personnel
qualifié.
Par rapport à la sidérurgie maritime de Dunkerque , la division de Hayange souffrait d' un coût
de production supplémentaire engendré par l' expédition sur site du minerai d'outremer.
Pour ces raisons et d' autres : stratégie industrielle et politique financière , Lakshmi Mittal  prit
la décision de mettre fin à l'activité des  hauts-fourneaux.
François Hollande qui , candidat à la Présidence en 2012 , avait promis de faire voter une loi
"obligeant une firme qui ne veut plus d'une unité de production à la céder à un repreneur", ne
put se montrer beaucoup plus efficace que ne le fut son prédécesseur , Nicolas Sarkozy ,
à Gandrange.
C'est en 2011 que l 'on procéda à l'extinction provisoire des deux derniers hauts-fourneaux
de la vallée de la Fensch , le P3 et Le P6 .
La décision de fermeture définitive tomba en 2013.




Hayange . 10 novembre 2000 . Les 1452 et 1454 descendent du plateau de Patural . © Photo Jacques Quoitin.



Saint-Jacques.

Dernière étape de notre parcours , l'usine de Saint-Jacques à Nilvange fabrique des rails pour le
chemin de fer .
Propriétaire du site depuis 2007 ,  un Indien (encore!!) , Tata Steel , a pris la décision d'investir
en 2013 dans la production de rails en acier de très haute qualité pour les voies à grande vitesse.
En   2015 , malgré les bons résultats de l'entreprise , il décide de se défaire du site de Saint-Jacques
qui se verra finalement acquis en avril 2016 par le groupe anglais Greybull.





Saint- Jacques à Nilvange . 2008. © Photo Jacques Quoitin.



Voilà ! Nous sommes arrivés au terme de notre promenade .
Ces quelques images ont été prises au cours de la demi-douzaine de visites que j'ai eu le
plaisir d'effectuer dans la région entre 2000 et 2008.
Je n'y suis plus retourné depuis ...
Ce n'est que partie remise....