1991.
Que d'années écoulées , déjà , depuis qu'est survenu l' impensable : la disparition de ce
joyau de notre patrimoine industriel , le puits 18 ou "Fosse Parent" , du nom de l'ancien
propriétaire du lieu.
Ce charbonnage était aussi appelé "Puits Providence" , de par son voisinage avec les
installations de l'entreprise éponyme.
Charleroi-Dampremy. Les hauts-fourneaux de La Providence. 1980. © Photo Jacques Quoitin. |
Une petite devinette.....pour prendre un ton plus léger....
Où se trouve le Puits 18 sur l'image ci-dessus , prise depuis le terril de la Blanchisserie en 1980 ?
Réponse en fin d'article....
Marchienne. Puits 18. © Photo Jacques Quoitin. |
Quel ensemble !!!!
Pensez donc : trois puits de mine avec leurs chevalements , salles des machines , recette et
bureaux, entassés sur une surface n'excédant pas quelques centaines de mètre carrés...
Marchienne. 1982. Fosse Parent. |
Cet ensemble constituait un des lieux d'extraction de la société Monceau-Fontaine qui disposait ,
au sommet de sa gloire , d'un effectif de plus de 10.000 mineurs....
Les deux premiers puits furent foncés en 1844 , le troisième en 1930. Les veines de charbon les
plus profondes étaient exploitées entre 1220 et 1291 mètres de profondeur.
Le 15 avril 1940 , un coup de grisou entraîna malheureusement la mort de 26 mineurs.
Episode du déclin de l'activité charbonnière en Wallonie , la fermeture définitive du siège eut
lieu le 31 mars 1978.
Puits 18. Châssis à molettes. © Photo Jacques Quoitin. |
C'est par hasard , au début des années 80 , que j'ai rencontré pour la première fois cet
extraordinaire témoin du passé minier de Charleroi .
Quelle magnifique surprise de le voir apparaître au fond d'une de ces rues étroites se faufilant
parmi les usines : la rue de la Docherie , le long de la cokerie , dans laquelle s'embranchait
la rue des Réunis , aujourd'hui disparue.
A cette époque , mon intérêt pour le chemin de fer et la sidérurgie m' avait entraîné dans les
dédales de la "Providence" à la recherche d'anciens wagons destinés au transport du minerai ,
du charbon et du coke et , bien sûr , de la fonte.
De vastes halls jouxtant le "train 600" servaient à ce moment d'abri pour ces véhicules en
attente de démolition. Et les quelques voies ferrées encore présentes sur la cour du charbonnage
en étaient aussi encombrées.
Marchienne. Fosse Parent. Wagons en attente de ferraillage. © Photo Jacques Quoitin. |
Marchienne. Fosse Parent. Poche à fonte. © Photo Jacques Quoitin. |
Marchienne. Fosse Parent. © Photo Jacques Quoitin. |
Le silence des lieux troublé seulement par les rumeurs de l'usine voisine ou les évolutions
sporadiques d'une locomotive sur les voies toutes proches , les molettes à jamais immobiles
au sommet de leur tour , les câbles inertes , le carreau désert , les sirènes muettes....
Le Puits 18 , pour un photographe , c'était le Graal.
Pour les cinéastes aussi , d'ailleurs....
du film "l'Etoile du nord".
Et en 1989 , ce fut au tour d'Eric Barbier de mettre en scène le charbonnage dans son film
"Le brasier" , qui , s'il fut cette année-là le film français au plus gros budget , ne rencontra
hélas que peu de succès.
Marchienne. 1982. Fosse Parent. © Photo Jacques Quoitin. |
Marchienne. 1982. Fosse Parent. © Photo Jacques Quoitin. |
C'est par la presse qu'en 1991 , je pris connaissance de la démolition du siège "Parent".
Depuis , il m'arrive encore souvent d'y penser et de regretter de n'avoir pas pris plus
de photos.....
Je suis parfaitement conscient du fait qu'il faut faire des choix en ce qui concerne la
conservation du patrimoine , mais je suis encore plus parfaitement conscient du fait
que la décision qui fut prise dans ce cas-ci n'a été qu' une occasion manquée.....
Marchienne. Fosse Parent. © Photo Jacques Quoitin. |
Réponse à la devinette:
On peut apercevoir le sommet des chevalements de la Fosse Parent à la gauche du château
d'eau situé à droite sur la photo.
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